L'IMMORTEL
S-09
 
15 pages.
Synopsis: 
L'assistant d'un scientifique deviendra immortel à la suite d'une farce perpétrée par ses collègues de travail.
 
 
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2012. C’est dans la base militaire du Logis-de-la-Colle, à l’est d’Aix-en-Provence, que Kévin Naudon travaille comme laborantin pour le biologiste Georges Beckman. Le professeur a la responsabilité d’un projet secret du gouvernement. Les recherches portent sur la vitesse accrue de guérison pour des blessures au combat. Il est certain qu’un tel projet est tout d’abord affecté pour les militaires. Le projet civil ne viendra que plus tard. Car pour le ministère de la défense, avec le projet RATH (Reconstitution Accélérée des Tissus Humains), de gros intérêts sont en jeu. Les soins ultra rapides administrés aux blessés en urgence pourraient les remettre sur pieds en quelques minutes. Bien sûr, pour l’armée, la guérison immédiate des blessés de guerre permettrait de maintenir un maximum de soldats sur le front. Et cela serait, bien entendu, un critère de poids pour remporter une victoire sur l’ennemi. Mais dans tous les cas d’application de cette découverte, elle devrait rapporter au moins le prix Nobel de médecine à son inventeur.
 
Le secret du procédé est tout simplement de la propolis. Ce produit fabriqué par les abeilles à partir de leurs sécrétions et d’une série de substances résineuses, gommeuses et balsamiques. La propolis est contrôlée, à 95%, par des sociétés industrielles pharmaceutiques. Le reste étant les apiculteurs qui, artisanalement, revendent leur production aux particuliers. Les qualités médicales de la propolis sont immenses. Pour l’usage à l’intérieur du corps humain, elle soigne les extinctions de voix, les enrouements, les angines, les maux de gorge, la toux, les rhumes, les bronchites, les pharyngites, les otites et les sinusites. Elle guérit également des infections dentaires, comme les gingivites. Enfin, pour la partie la plus intéressante, la propolis est employée pour assainir et cicatriser les plaies, pour traiter les mycoses et autres problèmes cutanés. Au XIe siècle, elle servit comme cicatrisant aux soldats victimes de blessures de flèches. La propolis est un anti-infectieux d’une remarquable efficacité, comme antifongique, antiseptique et antibiotique. En plus du pouvoir cicatrisant, elle est anti-inflammatoire, anesthésique et profite au métabolisme cellulaire. Testée par le Centre de Prévention contre le Cancer, la propolis a des propriétés antimitogène et anticancérigène et ralentirait considérablement les problèmes de prostate[1].
 
Georges Beckman, connaissant tout cela, s’est servi des nombreuses qualités de la propolis afin de confectionner un procédé qui serait son invention. Au début de ses expériences, le savant avait constaté des résultats thérapeutiques étonnant lorsqu’on ajoutait à la propolis, alors sous forme de teinture-mère, une solution anticoagulante. A son grand regret, les essais devaient être effectués sur des êtres vivants, comme les souris. Bien entendu, elles étaient anesthésiées pour l’occasion. Une plaie était pratiquée sur le corps du cobaye puis le biologiste appliquait sa substance gélatineuse. Il y eut pas mal de tests, d’erreurs et de remises en questions. Mais la plus part du temps et dans tous les derniers cas de figures, il n’y avait plus aucun échec. Les tests sur animaux de laboratoires démontraient le haut pouvoir cicatrisant de son produit hybride. La plaie était rapidement aseptisée et cicatrisée. Mais, le fait de badigeonner ce gel était contraignant d’une part pour le laborantin mais aussi pour le cobaye qu’il fallait nettoyer par la suite. Le professeur a donc eu l’idée d’un procédé pratique, rapide et très efficace. C’est ce qui est à l’ordre du jour dans son service, en ce mois de décembre 2012.
 
La préparation des cobayes est identique, la souris est anesthésiée et une plaie lui est pratiquée sur son petit corps. Puis, le rongeur est placé dans un caisson à induction de RATH. C’est un caisson hermétique, tel un four à micro-ondes dans lequel la souris est déposée endormie avec sa blessure. Le professeur Beckman lui envoie, sous la forme de d’un flux d’induction magnétique, son produit. Seul ce qui ce trouve dans le caisson est irradié par la substance et est donc soumis à ce procédé. Diffusé en fines particules animées, son produit est envoyé sur les cobayes et à chaque test, la guérison rapide et miraculeuse s’effectue. Il y a un bonus qui n’avait pas été calculé en théorie, c’est qu’après la fermeture de la plaie, il ne subsiste aucune trace de cicatrice. La peau est aussi souple, saine et homogène qu’avant la blessure.
 
La manipulation depuis un pupitre de commande, par le professeur Beckman, ne demande qu’une minute. Juste après, le professeur et Kévin vont ouvrir le caisson et constatent, à chaque tentative, leur succès. Tous les animaux ressortent avec plus aucune blessure et en bonne santé, après analyses biologiques. Le succès est pour bientôt et les deux collègues s’en réjouissent d’avance. Il ne leur reste plus qu’à pratiquer des tests obligatoires, conseillés par l’ordre militaire pour que le projet soit avalisé.
 
En dehors de ses journées d’aide au professeur, Kévin suit une formation en photographie. Le stage a lieu, trois matinées par semaine, sur le même site. Pour les autres stagiaires, il est le novice, le bleu du groupe et ils lui font toujours des farces. Vendredi dernier, pour la pause déjeuner, c’est une sauce barbecue qu’ils avaient remplacée par de la crème de mure. Kévin s’était mis à tousser et à cracher dans son assiette, ce qui les a tous fait rire. Aujourd’hui lundi, ils lui font le pari qu’à la fin du repas, il aura la langue noire. Kévin se méfie et, juste après son dessert, il se regarde, avec Antoine, Richard et Joe, dans le miroir des toilettes. Sa langue est normale et il gagne étrangement ce pari. Après avoir bu un café ensemble, chacun repart dans le service où il travaille. Antoine, Richard et Joe se frottent les mains à l’idée que demain, ils lui préparent un joli coup.
 
L’après-midi, tout se passe bien au laboratoire de biologie. Les analyses post RATH donnent d’excellents résultats de santé pour les animaux. Le professeur Beckman est satisfait de tout ce qui a été réalisé jusqu’à présent. Selon le protocole, il doit passer maintenant, à la phase suivante, les essais sur les humains. C’est pour cela que le RATH actuel est démonté aujourd’hui pour que dès demain, il soit opérationnel pour qu’un humain soit le cobaye des expériences. Trois ingénieurs sont à pied d’œuvre pour le démontage de ce petit container. Ensuite, ils ont jusqu’à demain midi pour la reconstruction d’un nouveau caisson plus grand, de la taille d’une cabine téléphonique. Cela ne leur pose aucun problème car tout avait été prévu à l’avance. Le matériel était au stockage dans un local pas loin.
 
Kévin, n’a rien à faire, à part une vérification de routine sur les animaux traités. Il doit également aider le professeur à un inventaire du matériel, rapidement effectué. Il a donc l’autorisation du professeur pour rentrer chez lui. Mais demain, il devra être là à 13h30, sans faute. Kévin ne met pas longtemps pour rentrer chez lui car il vit dans un logement de fonction de la base militaire. Il s’agit d’un petit pavillon tout à fait charmant. A peine est-il de retour dans sa maison que le jeune laborantin entend un gros véhicule se garer devant. Il se doute de qui il s’agit, c’est son frère Jacques, chauffeur livreur pour les cuisines du mess. Passant la porte comme s’il était chez lui, Jacques arrive chargé d’un carton de victuailles. C’est son habitude. Il ramène souvent à son frère, des denrées qui sont de trop ou plus demandées. Aujourd’hui, le carton contient 24 boîtes de couscous !
 
Kévin le remercie mais il n’aime plus ce genre de pratique. Ils peuvent, tous les deux, aller en prison pour cela. Jacques le rassure, comme toujours, en lui disant qu’il n’y a aucun risque. Bref, après son baratin et un verre partagé, son frère s’en va et laisse Kévin enfin seul. Pour le dîner, il se résigne à goûter à ce couscous.
 
Le mardi matin, Kévin est au stage de photographie. A un moment, dans la réserve du service photographique, une ombre se faufile entre les rayonnages. Une main récupère un flacon, rempli d’un liquide sombre, qui se trouve juste au-dessus de l’étiquette "bleu de méthylène". Un prélèvement est effectué à l’aide d’une seringue et le flacon est remis à sa place.
 
A la fin du repas entre stagiaires, les trois compères habituels, Antoine, Richard et Joe taquinent à nouveau leur bleu. Cette fois, ils parient 10 euros avec Kévin qu’il aura la langue toute bleue après le repas. Et, comme hier, pendant que l’on prépare leurs cafés, ils vont vérifier cela au miroir des toilettes. De retour avec sa langue absolument normale, Kévin reprend sa place à table devant son café, suivi par les autres. Mais ce qu’il n’avait pas vu c’est que Joe était sorti des toilettes quelques secondes avant tout le monde. Il était allé préparer la blague du jour. Il a vidé une seringue d’une bonne dose du liquide sombre dans le gobelet de Kévin. Et ce dernier, le boit sans se douter de quoi que ce soit. Il est tellement excité avec l’expérience de cet après-midi, qu’il a l’esprit ailleurs. Ses collègues n’en croient pas leurs yeux, alors qu’ils s’attendaient à une réaction de dégoût. Il se lève et les quitte pour rejoindre, d’un pas décidé, le laboratoire du professeur Beckman.
 
Un homme qu’il préfère de loin à ses comparses du matin. Georges Beckman est un individu sérieux, lui ! Le professeur a tout préparé après le départ des techniciens. Ces hommes ont remonté la machine mais c’est au professeur d’effectuer les derniers raccordements importants. Surtout qu’il sera, lui-même, le cobaye de l’expérience. Mais Kévin, n’accepte pas de voir le professeur risquer sa vie pour cela. Il comprend qu’il aimerait être le premier humain à subir cet exploit mais il doit convenir d’une chose. C’est que s’il arrivait un malheur, il vaudrait mieux qu’il arrive sur un individu de moindre importance, à ce stade des expériences. Et, flattant sa vanité, le laborantin réussit à convaincre le professeur de prendre sa place. Bien que voulant préserver la vie du savant, Kévin manifeste une légère appréhension de l’opération. Il sait qu’il doit subir un dommage corporel pour prouver l’efficacité de l’invention. Il a vu comment les incisions étaient pratiquées sur les animaux. Il a vu le sang couler.
 
En le regardant sous toutes les coutures, Beckman constate que Kévin a la langue toute noire. Kévin se pose la main à plat sur la figure, il a honte de ses camarades. C’est encore une blague de leurs parts. Il en a marre. Jusqu’où iront-ils ? Bref, l’instant est sérieux et Kévin s’assied sur le siège prévu à cet effet dans la cabine. Le professeur Beckman vient lui injecter une solution anesthésiante par intraveineuse. La partie choisie pour le test est l’avant-bras gauche. On lui donne une serviette de toilette qu’il pose sur sa cuisse gauche puis il y pose à son tour, l’avant-bras à traiter. Kévin est anxieux et le professeur le sent bien. Il le rassure et, pour lui permettre de se détendre, il lui laisse encore quelques minutes. Puis, devant s’y résigner, l’anesthésiant ne durant qu’un temps, Kévin demande que l’on agisse au plus vite.
 
Une incision d’environ 50 millimètres de long est pratiquée au scalpel par la main adroite du savant. Kévin, heureusement endormi sur cette zone, voit la blessure béante mais ne ressent aucune douleur. L’instant suivant, il tourne la tête pour ne plus voir sa plaie, de peur d’avoir la nausée. Le professeur referme la porte de la cabine et vient derrière son pupitre. Tout est en ordre, l’étanchéité de la cabine est affichée "correcte", les raccordements des câbles et tuyaux sont OK également. Il lui dit que pour les animaux, une dose d’1 weber était nécessaire. Pour lui, un cobaye humain, il en faut 3. Donc, la main de Beckman manipule le variateur de la graduation de 1 à 3 et le verrouille. Puis, il prévient Kévin qu’il est prêt et lui demande comment il se sent. Pour lui, dans sa cabine, tout va bien, il est assis et ne ressent aucune gêne. Et surtout, il ne regarde plus en direction de sa blessure. Le professeur signale le début de l’irradiation du flux d’induction magnétique et appuie sur le bouton. Kévin ne ressent qu’une légère chaleur dans son avant-bras gauche. C’est signe de l’activité biologique influencée par l’opération.
 
Quelques secondes après, le professeur vient lui ouvrir la cabine et l’invite à en sortir. Il le regarde immédiatement à l’endroit de la plaie. Ils sont à moitié surpris tous les deux car il n’y a
 
[1] Tout ce qui est dit dans ce paragraphe est véridique !
 
 
A suivre...
francois.emile04@gmail.com
 

  • Annie dit :
    18/12/2015

    j'adore, cette histoire, j'en lis une partie, puis je reste sur ma faim. il faut que je lise la suite.........




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