LES AVENTURES DE PAUL MISTRAL A TRAVERS LE TEMPS
S-17
 
(ce récit fera l'objet d'un livre de 362 pages en format 14,8 x 21 cm).
Synopsis: 
Un scientifique réalise le rêve de son père en finissant un téléporteur temporel. Il devra tout d’abord régler un souci de propriété entre lui et sa municipalité, en effectuant sa première mission dans le passé. Ensuite, après la médiatisation de son départ, sous les yeux du monde entier, il va visiter notre futur et découvrir ce qui nous attend tous. L’aventure paraît lui ravir grâce à tous les progrès qu’il découvre et les nouvelles mœurs des gens. Il va même devenir l’ami de l’unique dirigeant de la planète Terre. Mais il va découvrir que de nombreux attentats terroristes se trament contre la race des terriens. Et il va y être mêlé, bien malgré lui, le poussant vers des préoccupations d’ordre familiale.
 
 
<<<<<<<<<C'est là, à gauche, qu'on peut changer de page et voir d'autres nouvelles.


Vendredi 23 juin 1995. À Marseille, dans son laboratoire privé installé au sous-sol du garage de sa villa du 1 Bd Annette, un scientifique travaille sur des appareils électroniques. Il est assis devant un ordinateur et, entre deux bouchées d’un sandwich au poulet qu’il repose à sa gauche, note, frénétiquement, des chiffres sur des feuillets volants. Sur le mur, derrière lui, sont accrochés des cadres renfermant des coupures de journaux. La première montre Henri et Paul Mistral, père et fils, lors d’un congrès scientifique en 1976. La deuxième coupure est l’annonce du décès de Henri, le célèbre physicien a été foudroyé par une crise cardiaque le 14 mars 1981. Sur des établis, disposés le long des murs, on peut y voir d’étranges appareils abandonnés, inventés par le propriétaire des lieux. L’un d’eux est une sorte de toupie pour enfant, d’un diamètre de 40 centimètres et ayant quatre pattes et quatre bras articulés munis de pinces. Un objet est, quant à lui, un automate encore en activité. Il est monté sur un rail horizontal parcourant la totalité des établis à une hauteur d’environ 50 cm au-dessus du plan de travail et fixé au mur. On peut voir qu’il n’est pas en panne, car il est en train de s’occuper. Sa fonction est de récupérer, un par un, chaque outil oublié sur l’établi et de le ranger à son emplacement, bien organisé sur un panneau au-dessus. Il doit, sans doute pallier le manque de  maniaquerie du savant.
 
Une horloge à affichage digital rouge vif indique qu’il est 12h13. Puis, il y a un cadre, d’environ 30 centimètres de large et 50 centimètres en hauteur. Sa base est posée sur l’établi et se dresse, appuyé contre la paroi d’une armoire métallique à sa droite. Il n’encadre pas d’image ou de peinture, ni de miroir. L’intérieur de ce cadre, fait de bois, est en mouvement, comme une légère ondulation à la surface d’un liquide de couleur argentée. C’est à cet instant qu’une proéminence convexe est en train de se former en son centre. Au pied de ce cadre, il y a une assiette où sont disposés 5 gros cookies. Aussi étrange que cela puisse paraître, une main surgit alors du cadre et, tranquillement, attrape un gâteau pour l’emporter à travers le liquide argenté.
« Maman ! Je t’ai vu ! »
 
Paul Mistral s’est relevé de devant son écran d’ordinateur et s’approche du lieu du vol, les bras croisés. Le savant a 35 ans, il a les cheveux bruns et courts, avec un visage ovale et des yeux marron. Il porte, comme certains de sa catégorie, une blouse blanche avec trois stylos de couleurs différentes dans la poche de poitrine.
« Maman ! Tu me prépares des cookies et après tu me les chipes, ce n’est pas sérieux !
- Ah Paul, ils sont si bons, répond une voix venant du cadre. Et, de plus, j’ai déjà fini les miens, alors, comme je vois que tu n’y touches pas, j’ai pensé…
- Oui, tu peux en prendre, là n’est pas la question. Je me passerais donc de dessert, cette fois. Tu m’as appris la politesse, et donc, tu aurais dû me demander auparavant.
- Oh, excuse-moi mon chéri, j’avais la tête ailleurs.
- Bon, ce n’est pas grave pour cette fois encore. Alors, quel temps fait-il à Flint, aujourd’hui ?
- Il y a quelques nuages qui couvrent une partie du ciel. Mais il n’est que 6h15. On nous a annoncé qu’une brise va chasser tout cela. Le soleil risque d’être au rendez-vous. Et à Marseille ?
- Mais pourquoi te lèves-tu si tôt, Maman ? Est-ce que tous les retraités américains se lèvent tôt, comme toi ?
- J’en connais, à mon club de Bingo, qui se lèvent aussi très…
- Bon, si tu ne veux rien me dire d’intéressant, est-ce que tu voudrais bien me laisser oeuvrer dans le calme, s’il te plaît ? Tu sais sur quoi je travaille. Alors, aie du respect, je te prie. Et puis, je vais ré instaurer les horaires d’avant, avec les cadres téléporteur. Ce sera mieux pour mon organisation. Cet espace-temps ouvert en continue, un jour, il se peut qu’il arrive quelque chose de grave.
- D’accord Paul. Je vais donner à manger aux poules. Est-ce que tu veux des œufs ?
- Non merci Maman. Je me débrouille tout seul, ne t’inquiète pas.
- Et bien bonne journée Paul.
-Oui, c’est çà. Bonne journée à Flint. »
Paul a horreur de ce genre d’intrusion de la part de sa mère, qui à des milliers de kilomètres de là, se croit tout permis en passant sa main par les cadres de téléportation. Ceux-là même qui avaient été construits par Henri, son père et donnés à ses parents, donc les grands-parents de Paul, quand ils étaient allés s’installer dans le Michigan. Cette invention n’est connue de personne, c’est la règle stricte. Mais Hélène, sa mère, a maintenant 69 ans et un accident pourrait arriver avec l’appareil. Si un tel fait venait à se savoir, il y aurait des complications. Son père était un génie, tout de même.
 
Soudain, la sonnette de l’entrée retentit, sortant le savant de sa préoccupation. Sa vidéo-surveillance, sur un panneau de contrôle, affiche sur un écran couleur ce qui se passe à l’extérieur. Deux hommes sont au portail, l’un grand, l’autre petit. Tous deux portent le même costume noir comme des agents des services secrets. Paul reconnaît les inspecteurs scientifiques du gouvernement. Ils viennent régulièrement prendre connaissance des résultats de ses recherches. Car il a décidé, en 1992, de travailler chez lui, en parallèle avec son équipe d’assistants se trouvant au complexe scientifique Transfotec, centre de recherche pour le gouvernement basé à Saint-Zacharie. Sa collaboratrice, Sophie Génistère, s’occupe admirablement de l’organisation de cet éloignement.
L’homme de science remonte par le passage vertical entre son sous-sol secret et son garage. Il s’agit d’une cabine de douche transformée dont il referme le bac en porcelaine en le faisant coulisser. Une fois fait, personne ne voit qu’il y a quoi que ce soit en dessous. Depuis un autre panneau de contrôle, il ouvre le portillon à distance, laissant entrer les deux hommes. Il les accueille à la grande porte en bois de son garage. D’ailleurs, il n’est tenu de leur faire voir uniquement ce lieu, par obligation contractuelle. Comme d’habitude, il les fait passer devant, leur emboîtant le pas, en pénétrant dans ce qui a été, un jour, le garage pour une voiture. C’est dans ces vingt mètres carrés qu’il travaille et rend des comptes à la Transfotec. Se gardant bien de révéler ce qu’il y a en dessous, le savant leur montre le stade où il en est. Les deux hommes font un tour des lieux, ce qui est vite fait dans ce petit local. Ils prennent des notes sur un calepin et ramassent des listings que leur tend Paul. Ensuite, ils lui disent qu’ils étudieront tout ceci de plus près pour consentir à verser le budget habituel. L’hôte les reconduit au portail et ils s’en vont. C’est au moment où Paul franchit le pas de sa porte qu’il remarque, sur son tableau de sécurité, un voyant clignotant. C’est celui indiquant qu’une personne "radio-isotopée" est dans un rayon de 100 mètres autour de la maison.
Lorsque son père dirigeait le service dans le même centre que lui, qui ne s’appelait pas encore Transfotec, mais l’Institut de Transformation Technique, il avait dû effectuer une tâche qu’il n’avait pas appréciée. Antoine Berthier, un assistant qui avait pourtant été chaudement recommandé, se révéla un traître revendant le résultat de recherches à d’autres entreprises. Aussi, Henri Mistral s’était résigné à "marquer" cet employé, sans son consentement, en lui injectant un traceur isotopique inoffensif et impérissable. C’était en 1955. Avec ce procédé, il était repérable dans le bâtiment de l’ITT et cela rassurait le père de Paul. Ce système lui avait même servi à prouver la culpabilité de celui-ci lors d’une traque de nuit avec l’aide des deux gardiens. Mais aujourd’hui, cette trace subsiste, à un taux réduit à 50%, dans le corps de Simon Berthier, le fils d’Antoine. Et, fatalité, lui aussi a travaillé au même centre de recherche et a également participé à des détournements qui lui ont valu 5 années de prison.
Dehors, sortant de l’impasse et alors qu’ils tournent le coin de la rue, les deux agents du ministère de la recherche sont interpellés par un individu qui s’était caché derrière un poteau EDF. Il est grand et mince, avec un visage bouffi, porte une chemise rose saumon et un pantalon beige. Ses yeux bleu-perçant déstabiliseraient le premier venu, mais ces agents ne sont pas des enfants de cœur.
« Alors, vous avez trouvé quelque chose de pas clair dans son labo ? Un projet ou des expériences non prévues au programme ? Leur lance t-il en surgissant.
- Vous devez être Simon Berthier. Lui rétorque le plus grand des deux hommes. C’est vous l’auteur des lettres de délation envers Paul Mistral, qui d’ailleurs, n’a rien à se reprocher. Car sachez que ce savant est très consciencieux et il travaille en ce moment même pour la Transfotec.
- Oui, je suis Simon Berthier, celui qui a été rayé pour 10 ans du métier, à cause de Mistral, et j’ai fait 5 années de prison !
- Cette histoire ne vous concerne plus puisque vous ne travaillez plus pour nous, après avoir trahi la Transfotec en vendant des informations secrètes à d’autres sociétés en 1986. Et je vous conseille de ne plus traîner dans les parages, nous pouvons vous faire arrêter. Au revoir Monsieur Berthier. »
Simon regarde les hommes monter en voiture et s’en va à son tour, jurant à voix basse qu’il se vengera…
 
Dans la maison, Paul se rassure de voir le signal isotope s’éloigner du périmètre, puis reprend le chemin de son sous-sol. Il va pour escamoter le bac douche quand la sonnerie du téléphone le déroute. Il décroche le combiné du poste téléphonique du garage. C’est un employé de la mairie qui l’appelle pour un problème concernant la possession de sa propriété. L’administratif préfère passer le voir en personne car ce qu’il a à dire est très important. Le rendez-vous est pris pour cet après-midi à 16h30.
 
À 16h30, comme prévu, Roland Grandier, l’employé de mairie se présente au domicile de Paul, avec un épais dossier sous le bras. C’est un homme de petite taille, en costume clair très serré, un visage carré et des petits yeux noir foncé. Son expression d’effronté laisse comprendre sa détermination. Dès qu’il est à l’intérieur et assis sur l’un des fauteuils du salon, devant une tasse de café, il expose vite la situation :
« En reclassant les cadastres et les actes de propriétés, selon un rangement imaginé par le nouveau gouvernement en place depuis mai dernier, notre service s’est rendu compte que cette propriété ne vous appartient plus légalement.
- …(Paul en reste bouche bée).
- Je m’explique. Pendant la période où votre père, Henri Mistral, vivait encore, il avait passé un accord secret avec la municipalité. Voyez les documents, lui dit-il, en sortant un par un des feuillets signés par le père de Paul. Le pacte exonérait de tout impôt votre famille pendant quinze ans, et en contre partie, il s’engageait à trouver une solution au recyclage des déchets de toutes sortes pour la commune. Ce contrat fut signé en présence du notaire Maître Danremont, que vous connaissez, je crois.
- Oui, il est le notaire de notre famille depuis pas mal d’années.
- Excusez-moi, je continue. Ce contrat a donc été signé le 20 juillet 1966 et devait donc s’achever le 20 juillet 1981. Si à cette date, votre père n’avait pas rendu un dossier complet sur le projet cité, il devait soit payer les quinze ans d’arriéré d’impôt, soit céder sa maison à la ville de Marseille. Malheureusement, il mourut en mars 1981, soit quatre mois avant le terme du contrat. Juste après le décès, les responsables au courant du traité ont mis ce dernier de côté pour ne pas déranger la famille pendant le deuil, en pensant le ressortir quelques semaines plus tard. Mais, au mois de mai 81, lors des élections présidentielles, les socialistes furent élus et un remaniement ministériel bouleversa toutes les administrations. Les feuillets du contrat tombèrent dans l’oubli jusqu’à il y a quelques semaines, après les élections de mai dernier. Voyez comme l’histoire se répète avec ce nouveau bouleversement suite à un nouveau président. C’est un employé municipal, qui tomba sur ces fameux papiers en reclassant les archives. Et d’ailleurs, il n’était pas le seul, car le Trésor Public passa tous ses dossiers au peigne fin pour diminuer la crise de cette fin de siècle. C’est un inspecteur qui est venu à notre bureau pour demander des explications sur cette étrange affaire. Aujourd’hui donc, si vous ne pouvez pas me fournir le projet détaillé sur lequel travaillait votre père, votre propriété deviendra possession de la ville. J’en suis désolé. Vous pouvez jeter un œil aux documents, je vous en prie. »
Paul est abattu par cette nouvelle, relisant l’intégralité de l’accord. Il se repositionne contre son dossier du fauteuil et réfléchit, puis au bout d’un moment, ayant laissé l’administratif déguster son café, il se redresse :
« Dans les termes du contrat, la date de fin du délai octroyait jusqu’au 20 juillet 1981, soit 4 mois après la mort de mon père. Dans ce cas, il reste légalement quatre mois pour rendre le projet. Dit-il en le regardant bien dans les yeux.
- Excusez-moi, mais la date est belle et bien dépassée, il n’y a plus de recours possible. Je ne vois pas ce q..
- Vous ne vous attendiez pas, j’espère, qu’une personne puisse travailler pour vous durant 4 mois, après son décès ? Et le contrat concernait uniquement mon père, et non sa famille, n’est-ce pas ?
- Et bien, non. Et oui, je…
- A l’époque, personne n’était venu nous informer de ceci depuis le décès de mon père. Vous avez attendu plus de quatorze années pour nous mettre au courant. Alors, dans ce cas, si vous ne m’informer de ceci qu’aujourd’hui, je dois avoir un recours pour me retourner. Je réclame les quatre mois pour finir le travail de mon père !»
Piégé par les propos du savant, l’employé de mairie ne peut qu’accepter la requête de Paul, qui ne manque pas d’arguments. Mais en fait, Roland Grandier pense que quatre mois de plus ne changeront rien au résultat des recherches et il touchera une commission pour cette affaire de poids, bouclée en quelques mois. Il rédige donc un avenant au contrat initial en spécifiant le délai supplémentaire et exceptionnel de quatre mois à compter de ce jour. Le nouveau terme interviendra donc le 23 octobre 1995 et il n’y aura, cette fois, aucune reconduction possible, pour quelque cause que ce soit. Une fois les deux exemplaires du contrat signés et gardés par chacun, l’employé repart. Une fois de plus, le visiteur est raccompagné à l’entrée par son hôte. C’est à ce moment-là que Paul, voyant son voisin Marc Torrel, vient lui dire bonjour. Il est en train de repeindre sa grille au-dessus du parapet de clôture. Vieil ami de la famille, Marc fut l’ami d’enfance de Henri et il est le parrain de Paul. Il a une corpulence de boxeur, mais ne s’est intéressé qu’à l’histoire, dans toute sa vie. Il a désormais, une chevelure grisonnante qui accompagne ses 70 ans. Il est mis au courant de l’entrevue de Paul avec le fonctionnaire. Mais alors qu’ils discutent, le savant change soudain de sujet en lui disant qu’enfin, "il l’a mis au point"! Son parrain sait de quoi il parle car, succédant à son père, Paul avait le même rêve, construire la machine à voyager dans le temps. Et grâce à cela, il va régler ce problème de projet avorté, sauvant la demeure familiale. Marc lui demande s’il va dans le passé pour jouer les bons numéros du loto et ainsi avoir assez d’argent pour racheter sa maison à la municipalité. Mais Paul le rassure en lui disant qu’il agira sans tricher, sans détourner la loi ni changer l’histoire, il a son idée :
« Quelques jours après le décès de papa, ma mère fut tellement éprouvée que, de désespoir et de colère, elle prit tous ses papiers qui se trouvaient sur son bureau et les jeta dans la cheminée. Parmi ces feuilles, devaient se trouver les brouillons du projet secret pour la dépollution de Marseille. Je le sais, car non seulement il m’en avait parlé mais, en plus, j’avais travaillé avec lui dessus. Ses feuillets qui, à l’époque des recherches, se trouvaient au sous-sol, ont été déplacés par mon père dans son bureau au rez-de-chaussée. Mon idée pour que cette demeure familiale ne soit pas confisquée par la mairie est simple: Grâce à mon appareil, je vais revenir la veille de la mort de mon père, en me téléportant dans son bureau pour récupérer ces fameux papiers. Je suis sûr de ne tomber sur personne de mon passé puisque nous étions tous les trois, à Grenoble pour un congrès. En fait, le dernier de mon père, puisqu’il mourut au moment où nous partions de l’hôtel. Ainsi, les brouillons du projet seront sauvés et ne finiront pas dans le feu. C’est une affaire de quelques minutes et en agissant ainsi, je ne bouscule en rien le cours de l’histoire passée. »
Marc lui demande pourquoi il n’en profiterait pas pour empêcher la mort de son père. Paul lui répond simplement qu’il ne doit rien changer au passé, c’est une règle que son père lui avait expliquée sur le respect des vies ascendantes. Aussi triste qu’il soit, on n’a pas le droit de changer son passé. De plus, un simple détail modifié et c’est l’effet boule de neige qui modifiera le futur ! Pour finir, mon père avait le cœur fragile depuis de longues années, alors cela n’aurait retardé que de quelques jours son décès. »
Marc comprend et admire la sagesse de son filleul. Il lui souhaite donc bonne chance pour son premier voyage spatio-temporel.
En quittant son parrain, Paul décide d’aller en ville, au Cours Julien, pour justement récupérer une commande qu’il a faite, il y a peu de temps au "mirage des ondes", un magasin d’électronique. C’est le dernier élément de son invention, et il a préféré qu’il soit confectionné par un professionnel des circuits imprimés. L’affaire de la mairie va précipiter sa première expérience temporelle. Il est 17h50, à la boutique, presque à l’heure de la fermeture, Paul demande, au seul employé restant, si son boîtier est prêt. Celui qui le sert, un apprenti très jeune et volubile, va donc dans l’arrière boutique à la recherche de l’objet. Placé dans un casier accompagné d’une fiche, où sont notées les étapes des travaux à effectuer dessus, il va tenter de le terminer pour se valoriser aux yeux de son patron grâce à la satisfaction des clients. Le débutant constate donc qu’il ne reste plus que trois afficheurs digitaux à enclencher et le clapet à refermer, ce qu’il fait. Malheureusement, parmi les éléments qu’il a enfichés, il en connecte un qui avait glissé hors du casier "défectueux", ce qu’il n’a pas vu. Au bout de cinq minutes d’attente, Paul voit l’employé revenir avec l’objet attendu. Une vérification rapide lui montre que tous les afficheurs lumineux sont opérationnels, tout s’allume en "8888888888888, etc." Le savant paye le prix convenu inscrit sur le carnet de commande et repart.
Chez lui, Paul rassemble les différents modules qui composent sa machine. Son invention a une taille très appréciable car Paul a réussi à miniaturiser une grande partie des éléments.
Autour d’une ceinture, sont disposés : Sur la gauche, le réceptacle en plomb des batteries énergétiques qui contient une pastille de 10 grammes de cobalt 60 et une de césium 137. Sur la droite, un boîtier enfermant le microprocesseur qui synchronise toutes les opérations de calculs quantiques. Et enfin sur le devant du ceinturon, le convecteur temporel à l’apparence d’un disque de métal concave, c'est-à-dire que le centre du cercle est incurvée vers l’intérieur. La ceinture sert bien sûr de passage des câbles électriques. Mais, ce qui commande l’ensemble des instruments, c’est le tableau de commande, matérialisé par un bloc d’affichage qu’il se fixe à son avant-bras gauche, tel une montre très large. C’est le module de cette super-montre[1] qu’il vient de récupérer au magasin. Il le fixe, avec deux sangles, autour de son avant-bras gauche. Le boîtier comprend deux lignes d’afficheurs avec, au-dessous, un clavier restreint à cinq touches et à l’extrémité droite, côté poignet, une montre tout à fait ordinaire mais avec deux boutons rouges, l’un opposé à l’autre, de chaque côté du poignet.
Le scientifique se met à brancher les derniers éléments entre eux afin de parfaire son œuvre. Il en vérifie leur conductivité ainsi que le fonctionnement succinct. Cela le mène à 20h30 où il décide d’aller se sustenter légèrement. Puis, après une douche, il constate qu’il est 21h25 et estime qu’il est temps d’effectuer son premier test de voyage temporel. Il a décidé de faire, maintenant, son saut dans le passé pour récupérer les documents détruits. Il manipule les touches encore neuves de sa super-montre, en faisant défiler les chiffres. Mais le destin veut qu’il ne remarque pas la défaillance de l’un des afficheurs digitaux. C’est celui qui a été installé par erreur par l’employé trop pressé du magasin d’électronique. Il est situé sur la l’afficheur de la destination, sa position est le chiffre des dizaines de l’année. Il a le segment vertical en haut à droite qui reste allumé par erreur alors qu’il n’est pas pris en compte. Sur son écran de destination, il peut donc lire ceci:
13-03-1981_21:30’00’’
Alors que son ordinateur de bord enregistre :
13-03-1961_21:30’00’’
Le savant ne voit pas qu’il est programmé pour revenir vingt ans plus tôt que ce qu’il a prévu. Le scientifique se place dans son bureau qui était encore celui de son père en 1981. Et comme en mars, il fait nuit à 21h30, il prend une lampe torche à laquelle il attache une corde pour la pendre autour de son cou, elle ne le gênera moins ainsi.
Confiant et fier de son invention mais surtout impatient de la tester, sur lui plutôt que sur un animal de laboratoire, avec sa main droite il presse en même temps, les deux boutons rouges de sa montre…
SITUATION
23-06-1995_21:30’00’’
DESTINATION
13-03-1981_21:30’00’’
PCHIOUT !!!
Dans un éclair d’une intensité aussi forte que brève, Paul Mistral se dématérialise.
 
13 mars 1961, 21h30. Le scientifique se rematérialise en ayant ressenti qu’une infime décharge électrique dans tout son corps, un simple choc sans gravité. Il se trouve actuellement, dans le noir complet, comme il l’avait prévu. Déjà, à ce stade, il sait que son invention fonctionne, puisqu’il est, apparemment, dans une autre époque. L’intensité lumineuse de la pièce n’est pas la même qu’il y a 20 secondes, juste avant son départ. Cela reste à vérifier à l’aide d’un indice de temps comme un calendrier ou un journal. Il allume sa lampe, mais en se retournant, son genou se cogne sur un lourd objet. L’éclairant de son faisceau lumineux, il découvre un magnifique billard qu’il n’a jamais vu. Il s’étonne, mais marche tout de même vers le bureau pour rechercher les papiers qu’il voulait. Alors qu’il contourne la table de billard, il se cogne au porte-queue du jeu qui laisse tomber chaque tige de bois dans un bruit de mikado. Il s’empresse de tout remettre en place. De sa lampe, il éclaire le dessus du bureau de son père, en désordre comme à l’habitude. Gardant sa torche pendue à son cou, il se sert de ses deux mains pour fouiller, feuille après feuille. Alors qu’il déplace le calendrier pour regarder en dessous, il constate qu’il porte la date de 1961. Paul est surpris par cela et, attrapant la torche de son cou, il éclaire mieux sa super-montre. Il s’aperçoit alors de l’erreur en voyant la deuxième ligne d’afficheurs avec la différence par rapport à la première, indiquant la situation de 1961 sans faute.
SITUATION
13-03-1961_21:30’00’’
DESTINATION
13-03-1981_21:30’00’’
 
En pianotant, il voit immédiatement que cela vient d’un segment digital des dizaines, restant allumé anormalement. Bref, ce n’est qu’une erreur de destination, il va repartir sur-le-champ pour la véritable époque…
« Bonjour Monsieur le cambrioleur ! Dit une voix d’homme alors que la lumière jaillit du lustre de la pièce. Pointant un revolver dans sa direction, Marc Torrel lui fait face, plus jeune et avec les cheveux marron. Maintenant, mettez vos mains en l’air et plus un geste, je vous prie. J’avais bien entendu du bruit, et j’ai bien fait de venir voir. »
Paul, légèrement ébloui par le lustre, pose alors sa torche devant lui et va tenter d’argumenter : 
« Marc, je suis Paul Mistral, le fils de Henri et Hélène. Je viens du futur grâce à cet appareil autour de ma ceinture…
- J’ai dit "plus un geste! " Restez derrière ce bureau, n’approchez pas.
- Attends, je vais t’expliquer. J’ai fait une erreur de …
 
[1] Voir notice de la super-montre en annexe 1.
 
 
A suivre...
françois.emile04@gmail.com

  • Annie dit :
    20/4/2016

    Waouh! on croirait voir Mac Bride !" Retour vers le Futur". C'est très bien ! j'aime ! Réponse de l'auteur: Tu fait certainement référence à, en fait, Marty McFly, dans cette série de trois films.




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