SEUL AU MONDE
S-56

 
4 pages.
Synopsis: 
Un homme, qui s’était protégé du cataclysme planétaire durant quatre décennies, ouvre alors la porte de son abri anti-atomique, le 21 décembre 2052.
 
<<<<<<<<<C'est là, à gauche, qu'on peut changer de page et voir d'autres nouvelles.



José Lemaneuvre, comme tous les matins depuis quarante ans, se lève et va allumer sa radio. Et comme d’habitude, il n’y a que des parasites. Il l’éteint donc et souffle de lassitude. Il s’assied donc à sa table et, tournant la page de son agenda perpétuel, lance un sifflement aiguë. Aujourd’hui est bien l’anniversaire, le quarantième exactement, du jour où il avait décidé de sauver sa peau. Il engloutit, pour la première fois à toute vitesse, son petit déjeuner, toujours le même depuis quatre décennies. Il l’a décidé, c’est aujourd’hui. Il est très excité par cet évènement. Depuis le temps que cela le travaille, il sera enfin fixé. Il se met debout et son regard fait le tour de son abri, peut-être pour la dernière fois. Son lit, calé entre le coin toilette et un placard à sa tête. Sa petite table une place, le coin cuisine et la porte du stock de nourriture. Tout son logis est là, dans les 9 mètres carrés de cet abri anti-atomique.
 
Il l’avait acheté et fait livrer chez lui, en 2010, peu de temps avant la date fatidique du 21 décembre 2012. C’est un ami scientifique qui le lui avait fait construire exprès pour lui. C’était donc, un modèle unique et très cher mais José avait une fortune personnelle. De l’extérieur, l’abri a la forme d’une boule. Un marseillais dirait d’une boule de pétanque car l’enrobage extérieur est fait de plaques de métal. Et c’est une belle sphère de 6 mètres de diamètre. La particularité de cet objet est que l’habitacle intérieur est aussi enfermé dans une autre coque de métal. Et entre les deux parois, il y a de l’huile. Avec ce procédé, et surtout après avoir refermé l’écoutille, tout ce qui peut arriver à l’extérieur n’influerait absolument pas sur ce qui est à l’intérieur. Ce dernier se comporte alors comme un culbuto, l’abri intérieur restant constamment de niveau. Ceci est un atout lorsqu’on est terré dans un abri et que celui-ci est proche de milieux à risque.
 
De plus, de tout ce qui était prévu pour survivre, le professeur avait créé un bouclier spécial. Il s’agit d’énergie pure qui englobe la surface extérieure de la sphère. Le champ de force est si puissant que même s’il se trouvait au cœur d’une explosion, il ne cèderait pas. Pour tous ces atouts, José était près à payer le prix. Et c’est ce qu’il avait fait. Début décembre 2012, il avait commencé à emmagasiner, dans la pièce du stock de l’abri, toutes sortes de choses pouvant lui servir en cas d’isolement. A commencer par la nourriture en grande quantité. Et une grande partie en nourriture de l’aire spatiale, hors de prix, pour le commun des mortels. La dernière acquisition venait du même laboratoire technique et était la batterie éternelle. Un boîtier sous pression qui alimente tout ce qui est à l’intérieur de l’habitacle afin de faire fonctionner les appareils de survie, mais surtout le champ de force révolutionnaire.
 
Pour faire vivre un homme sur une longue durée en isolement, il faut une machine qui convertisse l’air ambiant en air respirable indéfiniment. Il faut de l’énergie pour la cuisine et un lave-linge de qualité. De l’énergie pour conditionner tout le stock de denrées. Il en faut aussi pour le recyclage des déchets organiques. Ceci a été fait et c’est ainsi, que José a pu vivre durant 40 ans, grâce au recyclage élaboré de ses propres déjections, solides et liquides. Pour passer le temps, il s’était aménagé une petite bibliothèque. La télévision ne devrait plus émettre donc, ce n’était pas la peine de lui prévoir une place. Par contre, la radio est le premier objet utile puisque dès que le cataclysme serait terminé et les humains tranquilles, ce serait la seule source d’information à travers la planète.
 
Le jeudi 20 décembre, José avait coupé les ponts avec tout le monde. Cela ne lui avait pas été difficile vu le caractère asocial qu’il avait. Et le soir-même, il s’était enfermé tout seul, dans son abri. Il avait verrouillé la porte intérieure, ce qui avait engendré la fermeture de la trappe extérieure par la même occasion. Ensuite, le liquide visqueux s’était répandu dans toute la double paroi afin d’entourer la coque intérieure. Celle-ci pouvait dès lors, effectuer la rotation guidée par des roulements à billes sur toute la circonférence. Puis il avait enclenché le processus du champ de force, le protégeant de tout ce qu’il y avait autour de lui. Ce geste l’avait coupé du monde. Et le vendredi 21 décembre 2012, il ouvrait son premier bouquin.
 
Quelques jours après, il avait ressenti des vibrations depuis son nid douillet. Au début, il en avait eu peur, pensant que le champ de force n’allait pas résister à d’éventuels impacts de missiles, de laves volcaniques ou d’autres dangers extraterrestres. Les trépidations venaient en fait de son habitacle isolé, qui se positionnait toujours de niveau par rapport au sol. Et il en était content, surtout quand il se trouvait aux toilettes. Bref, il passa de longs mois à guettait tout mouvement qui lui indiquerait des évènements extérieurs. Sans télévision, il ne pouvait pas savoir et sa radio ne recevait que des parasites. Il s’était dit qu’à ce moment-là, mieux valait ne pas sortir pour voir ce qu’il se passait. Sans savoir, le plus sûr était de rester seul et con plutôt qu’au courant et peut-être irradié.
 
Ce principe l’a fait tenir quelques années résistant à l’envie d’ouvrir sa sphère. Plus de dix ans après, il avait senti à nouveau des mouvements. Et de temps en temps, des vibrations lui donnaient raison quant à son idée de ne pas ouvrir immédiatement. Qu’est-ce qui pouvait bien remuer sa boule dehors ? Etait-il attaqué par des extraterrestres ou assiégé par des hordes d’humains redevenus à l’état sauvage ? Il repartait alors dans le projet de rester abrité encore quelques années. Et c’est depuis peu, en 2051, qu’il se mit à réfléchir sur son sort. Il venait d’avoir 65 ans et il commençait à s’inquiéter des survivants. De ses anciens voisins, les humains. Qu’étaient-ils devenus, durant et après l’apocalypse ? Il décida de faire un inventaire de son stock de denrées et a réalisé une synthèse. Si à son âge il sortait et trouvait le monde déserté par l’humain, laissant à l’abandon sa planète, il serait l’héritier unique. S’il trouvait un rebus d’humanité lui étant hostile, il se hâterait de rentrer dans son abri. S’il découvrait qu’il avait été transporté sur une autre planète pour se faire expertiser par un groupe d’aliens, il en serait fier. Seul contre eux, mais fier. Alors, il pris la décision qu’au jour anniversaire de la quatrième décennie, il risquerait un œil dehors. La radio ne parlant pas plus qu’aux premiers jours, il ne pouvait rien faire d’autre pour savoir.
 
Aujourd’hui alors, vendredi 20 décembre 2052, José actionne le bouton qui coupe le champ de force qui n’a jamais failli. Merci professeur ! Il ne fait plus un geste et tend l’oreille pour tenter d’entendre un quelconque bruit. 


 
A suivre...
françois.emile04@gmail.com

  • Annie dit :
    21/4/2016

    oh! seul au monde, c'est ce que je voudrais vivre!!!!!!! mais sans dégât autour!!Merci pour cette histoire.




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