ORGANISME MODELE
S-61
 
11 pages.
Synopsis: 
Un chercheur en biologie, revient chez lui après un accident qui l'a rendu paraplégique, et restera à vie dans une chaise roulante. Coincé dans un appartement modeste non équipé pour les handicapés, il est aidé, tous les jours, par une aide à domicile. Il trouve le temps long, loin de ses paillasses et différents laboratoires. Après une période de dépression, il va être inspiré par son infirmière, pour remonter la pente. Il a une idée pour retrouver le goût de son travail mais ce ne sera pas dans le respect de l’être humain…
 
 
<<<<<<<<<C'est là, à gauche, qu'on peut changer de page et voir d'autres nouvelles.


Un organisme modèle est une espèce vivante qui est étudiée de manière approfondie pour comprendre un phénomène biologique particulier, en supposant que les résultats de ces expériences seront partiellement valables pour la connaissance d'autres organismes (souvent les humains).
 
 
 
Septembre 2012. Justin Perrone rentre chez lui après avoir passé un mois à l’hôpital et huit mois dans une maison médicalisée. Les voisins, de son petit immeuble, peuvent dire qu’il revient de loin. Cet homme, scientifique de métier, travaille dans la recherche biologique. Enfin, travaillait car maintenant, il se peut qu’il change de voie. Il y a neuf mois, il a eu un grave accident. Une nuit, sa voiture avait quitté la route alors qu’il avait voulu éviter un sanglier qui traversait devant lui. Il avait dérapé, effectué plusieurs tonneaux et avait été encastré dans l’habitacle. Il est désormais paraplégique et arrive, dans son appartement, dans un fauteuil roulant poussé par une infirmière qui va s’occuper de lui tout le temps de sa réadaptation. Mais il aura, le plus souvent chez lui, une aide à domicile. L’assistante sociale, connaissant la vie du savant, lui avait demandé s’il désirait une assistante sexuelle. La question avait immédiatement choqué le professeur Perrone. Il savait que de telles pratiques avaient cours dans d’autres pays mais ne savait pas que cela se faisait également en France.
 
L’employée lui avait répondu qu’il n’y avait rien d’officiel mais que pour les personnes handicapées, comme lui, un soutien est incontournable. Tout sera clarifié grâce à un jeu de formulaires. Justin Perrone avait de toute manière fait son choix dès le départ en refusant la proposition. Même célibataire dans son état, il n’aura pas besoin de "petits câlins". L’aide à domicile vient le voir tous les jours pour l’aider dans ses tâches quotidiennes. Cette situation est dégradante pour quiconque est dans un pareil cas. Car l’employé du service social est là pour lui ouvrir ou fermer les fenêtres et volets, l’aider à sortir du lit, l’habiller, l’aider à aller aux toilettes, le laver, lui préparer ses repas, lui faire l’entretien de la maison, aller faire les courses, s’occuper de ses papiers et se consacrer éventuellement de sa correspondance.
 
Chaque matin, Gaëlle Ferraro, l’aide à domicile assignée, amène le journal à Justin. Un matin, il tombe sur un article qui le fait enrager. Il lit une liste d’animaux qui sont menacés de disparaître si un habitat ne leur est pas trouvé. Le maire de la ville recherche désespérément un lieu pour les loger. Le savant râle alors tout seul, se plaignant de celui qui est la cause de son état de paraplégie. Il en veut terriblement aux animaux et pas seulement au sanglier d’une fameuse nuit. Sophie Sudre, l’infirmière, vient le voir toutes les semaines et donnera des antalgiques à petite dose. Un docteur viendra le voir tous les mois pour décider du début de la venue d’un kinésithérapeute pour la rééducation.
 
En ce qui concerne sa vie professionnelle, Justin Perrone est en manque. Lui qui avait plusieurs annexes de son laboratoire dans les quatre coins de la région, il se voit dans l’impossibilité de s’y rendre. De plus, il est condamné à rester cloîtré chez lui à ne voir, par la fenêtre de son deuxième étage, qu’un immeuble rose décrépi. Dès lors qu’il a remis les pieds chez lui et sait qu’il sera pour un long moment, il perd sa motivation. Depuis son ordinateur, il se met au courant des avancées dans ses unités éparpillées mais cela ne lui remonte même pas le moral. Ce qu’il note n’est que des petits pas dans son projet final. Les expériences ont lieu actuellement sur des animaux et les recherches sur les humains n’auront pas lieu avant des années. Quand Sophie l’infirmière, passe le voir, elle essaie de lui remonter le moral dans sa condition. Parlant tous deux du milieu médical, elle le comprend et tente par tous les moyens de lui rendre le sourire.
 
Un matin de décembre, elle lui dit qu’en regardant simplement ses voisins d’en face, mais sans se faire réellement voyeur, il peut se faire une idée de la vie d’un humain. Il s’agit là d’observations et de constats et non d’expériences chez les humains. Justin regarde alors, par dépit, en face de chez lui. Le vieil immeuble, dont la façade en rose décrépi mériterait un bon ravalement, fait six niveaux de haut. Le rez-de-chaussée est occupé par un institut de beauté ce qui laisse les cinq étages au-dessus en habitation. Il y a deux appartements sur chacun d’eux, cela devrait donc faire dix familles qui y résident. Pendant une semaine, Justin observe, passivement, ses voisins, qui, ayant des baies immenses, ne sont pas beaucoup cachés. Du côté rue, face à lui, il peut voir que les appartements sont composés ainsi : le séjour, la cuisine et un petit fenestron qui pourrait correspondre à un cellier ou la salle de bains. Un long balcon relie les portes-fenêtres de la cuisine et du séjour. Il comprend que les chambres sont situées sur l’autre versant, côté cour certainement, pour éviter le bruit de la rue. Il commence même à connaître les habitudes des habitants. Deux appartements sont, semble t-il, inoccupés.
 
Au fur et à mesure qu’il se passionne pour cette nouvelle activité d’observation, une idée lui vient. Il va tout faire pour se remettre au travail et cette fois, il ne sera pas passif. Passant le plus clair de son temps sur son ordinateur, il n’a aucun mal à se servir d’Internet. Là, il commande une paire de jumelles professionnelles et devient le voyeur que l’infirmière lui conseillait de ne pas être.
 
2013. Justin a passé de mauvais moments durant le passage à la nouvelle année. Il a pu voir et entendre que l’on faisait la fête autour de lui, mais surtout, en face de lui. Mais, il a compensé en devenant égoïste et voyeur, au-delà de ce que lui disait son infirmière, Sophie. Devenu quelqu’un d’autre depuis son accident, il agit avec un nouvel état d’esprit. Lui qui était social, attentionné, travailleur acharné et respectueux des autres, il est devenu quelqu’un qui calcule sans respecter son prochain. Il devient même fourbe pour pouvoir mentir à son infirmière. Sa nouvelle motivation, en plus d’espionner ses voisins d’en face, doit être tenue secrète. Il va se renseigner sur Internet. Il imagine un plan machiavélique afin de se fabriquer ses propres expériences dans son milieu choisi. Il commande et se fait livrer des produits en évoquant des vérifications et des modifications avant qu’ils ne soient expédiés dans ses annexes de recherche. Il s’en garde une partie pour lui et peut faire suivre la marchandise comme avant.
 
Mais les quantités qu’il se garde chez lui sont destinées à ses expériences. Il prépare différentes fioles qu’il range soigneusement dans son réfrigérateur en attendant le moment où il pourra les utiliser. Habituellement, les expériences de biologie pratiquées par ses équipes scientifiques sont effectuées dans une zone restreinte. Dans un laboratoire, quelques boîtes de pétri sont utilisées pour y déposer des éléments chimiques et organiques puis d’en constater leur évolution. Il y a aussi les zones d’expériences sur les animaux. Lui, ne se contera plus de cela, il a d’autres ambitions. L’infirmière, sans le savoir, lui a donné l’idée qui va le sortir de sa déprime. Et sa boîte de pétri à lui est toute désignée, c’est l’immeuble d’en face.
 
Le professeur Perrone contacte l’assistante sociale en disant qu’il a réfléchi à sa proposition d’avoir une assistante sexuelle. Une fois l’accord entériné par le service social, un rendez-vous est pris. Le premier contact, avec cette employée officielle d’aide à la personne, se passe en présence de l’assistante sociale qui est là pour les présenter et les mettre en confiance, autant l’un que l’autre. Puis, pour "la première séance", l’assistante sociale laisse seuls Marjorie Gilibert, la spécialiste, et Justin Perrone. Cela se passera calmement et absurdement. Calmement puisque pour la première fois, Justin est réticent à se faire déshabiller pour autre chose qu’être changé ou douché. Puis absurdement car les deux protagonistes font cela pour d’autres raisons que le plaisir. Marjorie effectue ce don du plaisir pour son travail social et Justin, lui, fait mine d’avoir du plaisir afin de rendre son plan plus efficace. Cela va se passer ainsi, tous les jeudis après-midi, durant trois semaines.
 
Février. Justin, après une énième relation, demande à Marjorie si sa mission est confidentielle et si tout ce qui se passe entre eux est tenu au secret professionnel. Comme la réponse de la jeune employée et affirmative, le professeur va pouvoir mettre son plan à exécution.
Tout d’abord, il lui demande, au moment où elle quitte son appartement, d’aller relever tous les noms des habitants, avec leurs positions exactes, sur les sonnettes de l’immeuble d’en face. Elle devra écrire, sur un papier qu’il lui donne, ce qu’elle lira sur les sonnettes puis elle devra mettre le papier dans l’enveloppe fournie et revenir le glisser dans sa boîte aux lettres. Sophie, son aide à domicile, lui remontera avec son courrier habituel. Le retour d’information, exécuté comme un petit soldat par l’assistante, ne lui donne pas la totalité des identités des habitants. Il y a des défections sur certains prénoms. Donc, grâce à Internet, les pages blanches, Justin comble les manques. Mais le mieux, sur le net, c’est qu’il peut obtenir des renseignements intéressants grâce à Facebook.
 
Ce réseau social du web est devenu un outil à double tranchant. Des chefs d’entreprises s’en servent pour vérifier les bons agissements de leurs personnels, la police n’en parlons pas et pour les impôts, ils peuvent débusquer les fraudeurs qui se lâchent sur leurs pages personnelles. Lorsqu’une information n’est présente nulle part, il se sert d’une technique d’investigation apprise sur Internet. Il n’a qu’à concentrer ses recherches sur l’un des personnages choisis, employer tous les termes relatifs à cet individu, son âge, ses activités, son domicile, ses objets dans son appartement, ses loisirs, et ce qui en résultera ne sera que des informations filtrées. Il y a aussi le fait de recouper des personnages trouvés avec leurs vêtements dont Justin ne peut que connaître, en les voyant souvent sécher sur les étendages d’en face. Une fois les identités retrouvées, il entre tout cela dans un classeur Excel et commence à retranscrire les habitudes, déjà relevées, en rapport avec les noms qu’il vient d’acquérir.
 
Justin peut déjà démarrer une étude de constat sur certains de ses voisins d’en face. Sur les dix appartements en face de lui, huit sont occupés. Il a désormais huit cobayes avec lesquels il va travailler. Il dresse un profil d’habitudes de chacun d’eux afin d’avoir des renseignements sur ses prochains sujets d’expérience. Dans ses recherches, ces facteurs sont déterminants pour savoir, à l’avance, quel protocole effectuer sur quel sujet. Il a décidé, pour se simplifier la tâche, de se servir d’un seul cobaye par foyer en face de lui. Cela ne mélangera pas les genres et il ne s’emmêlera moins les données en agissant ainsi. Dans les cases de son immeuble Excel, Justin remplit, jour après jour, des commentaires qui sont notés sur une case de renvoi. Ainsi, un quidam qui lirait par mégarde sa page du classeur, ne saurait pas à quoi cela correspond puisque les données importantes sont escamotées.
Les habitants de cet immeuble sont :
 
Michel Troisime et Sabrina Gaillard 5 A louer
Mélanie et Jonathan Douroux & Guillaume 4 Jean-Paul Rappaport et Désirée…
Henri et Danielle Boisson & Firmine et Benoît 3 Frédérique et Victor Stolomacci
inoccupé 2 Ludivine Araud
Coralie et Claude Corona 1 Stéphane Fabergé
Magasin de beauté RDC Magasin de beauté
 
Coralie Corona, premier étage de gauche. C’est une femme mariée sans enfant. Son mari, Claude, qui est policier (plusieurs fois aperçu en uniforme et ce linge séchant souvent sur l’étendage), rentre tard tous les soirs car il ne fait pas de roulement. Elle passe ses journées à faire son ménage le matin et à passer le reste du temps sur son ordinateur. Son physique n’a rien d’un mannequin, elle a plutôt de l’embonpoint, et ce n’est pas ses 45 minutes de ménage par jour qui va lui ôter cela. Elle commande même ce qu’elle a besoin par Internet, se faisant livrer un maximum de choses. Elle reçoit, de temps en temps, des amies avec qui elles passent des après-midi à rigoler dans son séjour. A ce moment-là, la télévision fonctionne, mais même avec des reflets sur des surfaces planes, Justin n’a pas pu déterminer qu’est-ce qu’elles se visionnent. Par les confidences de Coralie sur Facebook, Justin apprend que Claude est atteint d’anosmie. C'est-à-dire qu’il n’a pas d’odorat. Mais malgré ce flair inexistant, elle raconte qu’il  est un bon policier. Elle ne reçoit aucun amant et comme elle ne sort pas, Justin peut en déduire qu’elle ne trompe pas son mari. Ce dernier, comptant sur le physique négligeable de son épouse ne doit pas se faire de souci à ce sujet. C’est sur cela que Justin va jouer.

 
 
A suivre...
françois.emile04@gmail.com

  • Annie dit :
    8/4/2016

    j'ai tout lu, ça m'a plu et la fin : c'est comme Stéphen King ! on ne sait pas si c'est vrai ou non! suspense ! ça me plait. Merci d'en écrire encore avec une fin ..... qui n'est peut-être pas la fin !
    Réponse de l'auteur: Merci encore pour ces compliments.

  • Annie dit :
    11/12/2015

    je lis les synopsies et je voudrais savoir la suite. c'est très bon !




  • Créer un site
    Créer un site