LE PROJET
S-57
 
7 pages.
Synopsis: 
Un homme se voit offrir l'opportunité d'un don par un chercheur en physique.
 
 
<<<<<<<<<C'est là, à gauche, qu'on peut changer de page et voir d'autres nouvelles.



Il fait un temps peu ensoleillé ce jeudi 28 février 2013, lorsque Hector Drémond ressort du Pôle Emploi. Il relit l’intitulé de la proposition d’emploi car il avait un doute en la prenant tout à l’heure.
« Chercheur embauche, pour 2 jours, homme ou femme entre 30 et 45 ans pour expérience indolore, sans risque et bonne rémunération. »
 
Il se dépêche de rentrer chez lui pour téléphoner et prendre rendez-vous. Il l’obtient pour l’après-midi même. Sur place, un local donnant sur la rue, dans le centre de Marseille, il entre et patiente dans ce qui semble être la salle d’attente d’un ancien cabinet médical. Un vieil homme apparaît et lui demande de le suivre. Les deux hommes passent dans une pièce de derrière et le plus âgé dit à Hector de s’asseoir dans ce bureau en attendant que le professeur arrive. Ce n’est donc pas lui le savant. Deux minutes après, une jeune femme entre et se présente comme le professeur Andrée Lombard. S’asseyant en face de lui, à son bureau, elle explique qu’elle conduit des expériences en tant que physicienne. Elle explique que ses recherches portent sur les applications de la lumière.
 
Le professeur explique qu’elle aurait besoin d’un cobaye pour tester les effets d’un procédé révolutionnaire de camouflage. Hector, n’étant absolument pas bête du tout, lui lance du tac au tac s’il ne s’agissait pas d’invisibilité. Le professeur Lombard le regarde alors avec surprise puis lui expose son projet.
« C’est effectivement sur le projet d’invisibilité que je travaille, dit-elle. Je me sers de nanoparticules qui seront agglutinées à un liquide qui recouvrira le corps. Une fois un sujet complètement "peint" avec ce mélange, il est prêt à devenir invisible dès l’activation des nanoparticules. Au stade actuel, je n’ai travaillé sur aucun sujet vivant à cause de mon principe sur l’éthique du respect de l’être vivant. Mais puisque mes recherchent donnent d’excellent résultats sur des objets inanimés, je ne vois pas pourquoi je m’arrêterais là. Maintenant, je dois passer à l’étape supérieure, les tests sur les sujets vivants. Vous êtes là, et vous savez ce que j’attends de vous. Je vous demande donc de peser le pour et le contre dans le cadre de notre convention de recherche scientifique. Il n’y a aucun risque ni gêne physique sauf celui d’être, durant plusieurs minutes, dans l’état de quelqu’un qui est recouvert de crème hydratante sur la totalité de son corps. Je vous rassure, 20 à 40 minutes suffiront pour que votre épiderme absorbe entièrement le mélange visqueux incluant les nanoparticules. Ensuite, le fait d’être invisible ne devrait avoir aucune conséquence néfaste sur votre organisme. Il est vrai que je n’ai aucun retour sur cela, n’ayant jamais testé le procédé sur un humain. Mais vu les premiers tests sur des échantillons de sang, les résultats sont encourageants. Donc, si vous le voulez bien, avant de signer le contrat qui nous liera, je vais vous faire visiter mes installations. »
 
La jeune femme se lève, suivie par Hector, et le conduit par une porte de côté vers l’arrière du local. Là, ils arrivent dans une cour, comme il y en a tant dans ces plans marseillais. Au fond de cette cour, Hector aperçoit un petit local qui ne dépasse pas les trois mètres sur cinq. A ce moment-là, il pense que l’appareillage du professeur ne doit pas être de classe supérieure. Mais, à sa grande surprise et à son grand soulagement, le petit local n’est pas leur destination. Le professeur ouvre une porte à droite qui donne dans la propriété mitoyenne. Là, Hector découvre l’entrée d’un hangar et dont une cour donne sur la rue de devant. La femme vient ouvrir un vantail inséré dans l’énorme porte coulissante du garage. Ils passent tous les deux à l’intérieur et se retrouvent dans l’obscurité. Cela ne dure qu’un instant, celui d’appuyer sur l’interrupteur. Le professeur Lombard étend alors sa main gauche pour montrer son atelier.
 
Au plafond, des néons diffusent une lumière non vive et donc supportable. Le lieu mesure environ quinze mètres de large par une bonne vingtaine en longueur. Et du matériel de qualité, il n’en manque pas. D’après ses connaissances, Hector reconnaît une centrifugeuse à éprouvette, une hotte biologique, un aquarium d’un volume qui pourrait contenir un homme à l’horizontale, plusieurs appareils inconnus et des tas d’ordinateurs disséminés un peu partout. La femme lui désigne une vitrine, sur la gauche, qui contient quatre étagères avec divers objets. Elle en prend un, qui est une "boule à neige" avec la tour Eiffel baignant au milieu de minis grains de polystyrène. Elle le tend à Hector qui se sert de ses deux mains, craignant d’être maladroit au point de la lâcher. Elle lui demande de l’observer et de lui dire s’il remarque quelque chose de particulier.
 
Il admire l’objet sous toutes les coutures et le secoue une seconde fois pour que la neige virevolte. Il répond alors que rien ne lui saute aux yeux. Le docteur lui laisse dans ses mains et prend un autre objet, qui a la taille d’un mobile mais qui est lisse hormis deux boutons. Il s’agit, comme elle le dit, d’une télécommande pour activer les nanoparticules d’invisibilité. Et pour ne pas s’étendre dans un long discours, elle appuie immédiatement en visant la boule de neige. Instantanément, l’objet disparaît de la vue de tous. Hector est estomaqué de ce phénomène. Il n’y croirait pas s’il ne sentait pas encore le volume dans ses mains. Il tente de tourner l’objet devenu invisible, pour voir s’il discerne un reflet ou une tâche quelconque. Il n’y a rien à voir. L’objet, présent incontestablement, est en état d’invisibilité ! Le professeur est un génie. Elle doit sûrement être la première à avoir inventé cela. On l’aurait su autrement !
 
Hector, pour déjouer une arnaque possible, se met à s’éloigner du professeur et va jusqu’au fond du local, à plus de 15 mètres du savant féminin. Il veut voir si le phénomène cesse en fonction de la distance qui le sépare de la télécommande. Mais rien n’altère l’état de l’objet. Andrée Lombard lui précise qu’elle avait déjà expérimenté ce cas en prenant sa voiture et en emportant un objet invisible à l’autre bout de Marseille. Donc, de ce côté-là, il n’y a pas de trucage ni de déficience physique. Puis, il lui demande combien de temps cet état peut durer ou si de l’énergie est nécessaire pour le conserver ainsi. Le professeur lui désigne alors l’étagère vide en dessous d’où se trouvait la boule. Il n’y a rien et Hector l’interroge des yeux. Sous son conseil, il approche sa main et rencontre, avec stupeur, un obstacle invisible.
 
Il tâte ce que c’est et reconnaît, par sa forme et le toucher, une canette en métal. Il touche le dessus et constate qu’elle n’est pas ouverte.
« Il s’agit d’un "Minute Maid" à la pomme. Elle est dans cet état sans avoir réapparu, depuis le premier septembre 2012. Je dirais donc que six mois est la durée minimum du phénomène. Chaque jour, elle n’en sera que plus longue. »
Hector est impressionné par tout cela. En quelques minutes, il vient de découvrir un univers scientifique qui dépasse la fiction. Son regard embrasse l’étendu du hangar rempli d’objets et d’appareillages divers et se retourne vers le professeur. Il est convaincu qu’il a affaire à quelqu’un de sérieux en qui il peut avoir confiance. Il va signer le contrat.
Avant qu’il ne parte pour revenir le lendemain comme ils en conviennent, le professeur effectue un prélèvement de son sang. Puis, elle lui donne des instructions pour le lendemain.
 
Le lendemain, Hector se présente et sonne, cette fois, directement à la grille qui mène au hangar du professeur. Il s’est fait raser le crâne comme elle lui avait demandé la veille. Andrée Lombard vient lui ouvrir et lui serre la main. Elle lui avait demandé également de se laver à fond sur toute la surface de son corps avec une pierre ponce. Ainsi, il est plus propre que jamais. Il est vite conduit au chaud, dans le hangar et la femme lui demande, sans préambule, de se déshabiller. Il est tout d’abord interloqué par la demande cavalière, mais se reprends très vite car il ne voit pas comment il pourrait en être autrement. Andrée, en blouse blanche, lui désigne un tapis au sol où il peut poser ses pieds nus pour ensuite attendre, assis sur une table d’examen.
 
Elle est partie chercher quelque chose dans un caisson hermétique. Quand elle revient auprès de lui, il est complètement nu et se met les mains devant le sexe. Faisant mine de rien, elle pose divers instruments sur une table roulante juste à côté et le regarde droit dans les yeux. Elle lui dit qu’il peut être gêné par cette nudité mais qu’elle en a vu des tas avant lui, durant ses années de médecine. Bref, sous l’ordre, il se couche sur la table et attend qu’elle prépare le matériel. Elle est revenue avec un pot contenant une substance gélatineuse transparente. Sur le plateau de la table, il y a également un pinceau de peintre d’environ 3 centimètres de largeur et une boîte de gants en latex jetables. Le professeur s’enfile deux gants et s’approche de son sujet.
 
De sa poche, elle sort un dictaphone qu’elle met en route tout en le gardant en main. Elle commence ainsi :
« Le sujet est Hector Drémond, 35 ans. Il est entièrement lavé et poncé, le crâne rasé à ma demande. J’ai préparé le pot de Collavis, contenant un litre de gel et une dose de 6% de nanoparticules. Je vais recouvrir toute la surface de son corps avec. »
Ceci dit, elle éteint le dictaphone et le dépose sur la table roulante. Elle prend le pinceau et débute son travail de recouvrement, sur le torse en premier. Dès l’application du gel, Hector signale qu’il est très froid et cela le fait frissonner. Andrée interrompt un instant son geste et reprend dès qu’elle s’est excusée du désagrément. Au bout de quelques minutes, le professeur a badigeonné le Gellavis sur tout le corps. Le moment le plus délicat ne fut pas celui où Andrée a peint le sexe d’Hector. Non, le plus dur pour Hector, fut lorsque le savant a dû lui peindre, sans compromis, ses globes oculaires.
 
C’est horrible à supporter mais elle devait le lui faire aussi. Sinon, ses yeux, seuls éléments visibles de son corps auraient pu le trahir et il n’aurait pas eu le statut d’homme invisible. Bref, après cet horrible moment de passé, le pinceau fut mis dans une boîte destinée au four. Hector a refermé ses paupières, gêné par ses yeux remplis de gel mais cela ne change rien au processus. Maintenant, elle lui demande d’attendre que le gel s’infiltre doucement dans son épiderme. Cela va durer quelques minutes. Durant ce temps, il en profite pour lui demander plus de détail sur le principe de son invention. 

 
 
A suivre...
françois.emile04@gmail.com

  • Annie dit :
    21/4/2016

    là encore j'ai lu les quelques pages et je suis conquise ! j'aime !




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